L'Indépendant du Lundi 23/05/2016
Questions préoccupantes pour les éleveurs de volailles
Après la fin du vide sanitaire visant à éradiquer la
grippe aviaire, les nouvelles normes qui se dessinent, sans forcément
tenir compte de la taille des exploitations, sèment l'inquiétude.
Il y a précisément huit jours, le Journal Officiel annonçait qu'en
ce qui concerne la grippe aviaire, "les exploitations de zone de
restriction peuvent mettre en place à partir du 16 mai 2016 des
palmipèdes de moins d'une semaine issus des couvoirs autorisés".
Le vide sanitaire dans 18 départements du Sud-Ouest, décidé le
18 janvier pour tenter d'éradiquer le virus de la grippe
aviaire, fait donc partie de l'histoire. Reste que cette mesure,
jusqu'alors inédite en France, laisse bien des interrogations
assorties d'inquiétudes, du côté des petites exploitations.
Hier, à l'occasion de la journée "De ferme en ferme"
(lire notre édition du 21 mai), Judith Carmona, présidente de
la commission agriculture à la région
Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, s'est rendue à Mézerville,
dans la ferme de Bérengou, exploitée par la famille Tardieu. Dans
le programme distribué au public, ces derniers expliquent leur
regret de ne pas participer cette année à l'événement : "(…)
vu l'épisode de grippe aviaire, le ministère et les services
vétérinaires nous interdisent l'accueil sur notre exploitation
(…)". Une petite dizaine de collègues étaient présents,
contactés par l'ex-conseiller général Stéphane Linou, qui a œuvré
pour que se fasse la rencontre entre la représentante de la Région
et les exploitants.
Différencier la taille des élevages
Si les réformes annoncées à l'attention de ces professionnels sont
encore floues car à l'étude, les axes qui en émergent créent
l'angoisse dans le milieu professionnel. "On ne peut pas avoir
les mêmes normes entre petits éleveurs et gros éleveurs !",
dénonce Marc Tardieu. Il explique qu'il est par exemple prévu de
rendre obligatoire autant de voies d'accès que d'enclos spécifiques
à chaque type d'animal, ceci entre la route principale et la "porte"
du bâtiment d'élevage. Pour Marc Tardieu, ces travaux qui seraient
particulièrement coûteux dans une région aux reliefs accentués,
ne se justifient pas pour des "petites exploitations", soit
des élevages inférieurs à 400 m². « Chez les petits
éleveurs, le paillage (remplacement de la paille des animaux, NDLR)
se fait à la main. Ce qui veut dire que les machines ne rentrent pas
à l'intérieur des bâtiments. Donc, un seul chemin d'accès est
pour nous tout à fait suffisant".
Visiter la ferme en charlotte et combinaison
Outre l'aspect financier, qui fait que petites et grosses
exploitations ne boxent pas dans la même catégorie, les futures
normes interdisant par exemple l'accès du public à la ferme
familiale, "sans être revêtu d'une charlotte sur la tête et
autre combinaison, mettent en difficulté l'éleveur pour accueillir
le public", regrette Judith Carmona.
La Région pour alerter le gouvernement
"Contraindre le client à acheter comme il le fait dans le monde
industriel, ça le fait fuir, poursuit l'élue. Nous avons reçu des
témoignages d'exploitants, qui s'interrogent sérieusement sur le
fait de mettre un terme à leur activité, ne pouvant se soumettre à
un élevage ressemblant à celui d'un industriel". Ce qui fait
dire au "citoyen" Stéphane Linou que, compte tenu du
"poids qu'a le tourisme sur notre territoire, la grande Région
doit mettre la pression sur le gouvernement pour que ces normes ne
mettent pas un coup d'arrêt définitif à l'agriculture
diversifiée". "Les discussions sont actuellement en cours,
conclut Judith Carmona. Il s'agit de différencier les normes à
venir, en fonction de la taille des exploitations. Il est essentiel
de bien réfléchir à ce que nous allons mettre en œuvre".
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