mardi 11 décembre 2012

A Carcassonne, l’inéluctable progression de la pauvreté


C’est une foule hétéroclite de SDF au long cours, de punks en vadrouille et de personnes désocialisées en attente de logement. Situé dans une petite rue excentrée, l’accueil de jour des Restos du cœur de Carcassonne grouille de visiteurs ce midi-là, comme tous les jours. Que l’endroit ne désemplisse pas depuis son ouverture, fin novembre, n’est pas une surprise. Ce qui l’est plus, c’est la présence, dans ce local théoriquement réservé aux sans-abri (à qui est offert un repas chaud), de "plus en plus de personnes vivant en appartement", explique-t-on. Ainsi Anne, 56 ans, une ancienne archéologue touchant le RSA, mais ne vivant qu’avec 150 euros une fois ses factures payées : "Quand ça devient dur, je viens ici", confie-t-elle, au milieu d’habitués dont elle s’est fait des amis.

L'accueil de jour des Restos du coeur, théoriquement réservé aux aux sans-abris, est désormais fréquenté par personnes vivant en appartement. (Photo Ulrich Lebeuf/Myop pour Le Monde)
Le lieu est emblématique de la pauvreté à Carcassonne, ville moyenne (50.000 habitants) dont nul ne soupçonnerait qu’elle soit si bien placée sur la carte de France de la paupérisation. Les élus n’en avaient guère plus conscience avant que Maryline Martinez, première adjointe au maire, ne lance une enquête il y a un an. Censée établir un "diagnostic santé" de la population, l’étude a fait apparaître des taux de chômage (20,4%), de pauvreté (19,9%) et de bénéficiaires du RSA (11,3%) nettement supérieurs à la moyenne. La municipalité (PS) a du coup décidé de décupler, ou presque, les subventions qu’elle accorde aux cinq principales associations caritatives. Jusque-là comprises entre 1000 et 2000 euros, elles s’élèveront, en 2013, entre 10.000 et 14.000 euros. "Il y a urgence. Il faut cautériser, justifie Mme Martinez. La découverte de cette détresse nous a surpris. Nous sommes dans un milieu mi-urbain mi-rural où les solidarités familiales font que les choses se voient moins."
Située entre deux agglomérations à l’essor galopant (Toulouse et Montpellier), Carcassonne paie le prix d’un développement économique ralenti notamment par l’absence de grandes entreprises. La population s’est appauvrie lentement au fil des décennies. Aux chômeurs longue durée et aux petits retraités se sont ajoutées des familles monoparentales, des routards attirés par le soleil, des demandeurs d’asile issus des pays de l’Est et, depuis peu, des Espagnols d’origine maghrébine fuyant la crise. Loin des remparts illuminés de sa célèbre cité, Carcassonne compte deux zones urbaines sensibles, cinq quartiers en contrat urbain de cohésion sociale et un lot de squats et d’habitat insalubre.

(Photo Ulrich Lebeuf/Myop pour Le Monde)
A entendre les associations, la "situation" se serait accentuée à la rentrée. Les Restos du cœur s’attendent à accueillir entre "10% et 30%" de public supplémentaire cet hiver. Au Secours populaire, c’est une chute importante du "reste à vivre" (une fois que le loyer et le coût de l’énergie ont été retirés des revenus) qui est observée:  "Nous inscrivons des personnes à qui il ne reste que 3 euros par jour pour manger, voire zéro euro parfois", indique-t-on. Chez Emmaüs, les effectifs se garnissent "de gens qui travaillent, mais n’arrivent pas à joindre les deux bouts".
Visible depuis deux ans, un indicateur en dit long : les associations sont persuadées de l’existence d’un "marché parallèle" de produits alimentaires distribués par leurs soins. Peu friands des marchandises de base de l’Union européenne (huile, sucre, farine, surgelés…), les bénéficiaires les troqueraient entre eux, quand certains ne les vendent pas lors de vide-greniers.

Réfugié politique de nationalité arménienne, Mher Missakyan, 49 ans, est arrivé en France en 2006. Chauffeur-routier, ce père de trois enfants a pour seul revenu le RSA. Habitué du Secours populaire, il y est également bénévole. (Photo Ulrich Lebeuf/Myop pour Le Monde)
Conformément aux statistiques nationales, les jeunes en difficulté sont aussi plus nombreux. Et… de plus en plus jeunes. A la mission locale, les mineurs représentent 23% des 4.000 inscrits, contre à peine 10% il y a huit ans. Les trois quarts des jeunes fréquentant l’établissement vivent chez leurs parents et seule une minorité a le permis. Une forme de repli sur soi semble s’être propagée, selon un sondage maison indiquant que 95% ne sont pas prêts à quitter la ville pour trouver du travail.

James Castellan, 21 ans, sans emploi, vit chez sa mère, bénéficiaire du RSA. (Photo Ulrich Lebeuf/Myop pour Le Monde)
"Tout dépend de quel travail il s’agit, nuance James Castellan, 21 ans, titulaire d’un BEP système électroniques numériques. Si l’on me propose un CDI à Paris, j’y vais en courant. Mais pour un CDD, je risque d’y laisser mon salaire. Même un apprentissage est devenu impossible à trouver. Plus aucun patron ne veut vous prendre si vous avez dépassé 20 ans, car vous coûtez plus cher que quelqu’un de 16 ans." James habite chez sa mère, bénéficiaire du RSA, et vivote avec les quelques dizaines d’euros que lui attribue la mission locale.
A l’autre extrémité de la pyramide des âges, le constat n’est pas plus réjouissant. Si les retraités pauvres ont toujours eu du mal à braver ce sentiment de "dignité bafouée" que provoque l’octroi d’une aide alimentaire, certains n’hésitent plus à franchir le pas des associations. "Notamment des personnes de plus de 80 ans qu’on ne voyait jamais avant", remarque-t-on au Secours populaire. A se demander si les collectivités arrivent encore à faire face, se demande Jean-Marie Jordy, le président de l’antenne des Petits Frères des pauvres : "On a l’impression que les services sociaux se tournent de plus en plus vers nous. La vocation de notre association est pourtant de visiter et d’écouter des personnes âgées isolées, pas de faire du social. Nous sommes du coup obligés d’en faire, en payant ponctuellement des factures d’eau et d’électricité."

Les bénévoles des Petits frères des pauvres font de plus en plus de "social" alors que la vocation de leur association est de visiter et d'écouter des personnes âgées. (Photo Ulrich Lebeuf/Myop pour Le Monde)
La situation s’est vraiment compliquée pour les sans-abri et les plus vulnérables. Sortir de la galère est devenu "encore" plus difficile. Dès qu’un lit se libère dans un foyer, il est attribué dans les jours qui suivent, "alors qu’on avait régulièrement des places vacantes jusque-là", souligne Bernard Botet, le directeur d’Aude Urgence Accueil, l’association ayant la gestion du 115 et faisant office de Centre d’hébergement et de réinsertion sociale.
Mais squats et trottoirs ne désemplissent pas non plus. On y voit échouer de nouveaux profils, en particulier des jeunes femmes et des familles. Un chiffre de l’enquête-santé réalisée par la municipalité a stupéfait les élus : en 2012, neuf enfants sont nés de couples vivant dans la rue à Carcassonne.
 Source: http://crise.blog.lemonde.fr/2012/12/11/a-carcassonne-lineluctable-progression-de-la-pauvrete/

vendredi 16 novembre 2012

Réfléchissons ensemble sur la compétitivité présentée comme avatar territorial du néolibéralisme

Nous vous proposons ici un compte rendu d'une conférence sur la compétitivité avatar territorial du néolibéralisme organisée le 13 novembre par les Amis du Monde Diplomatique de Carcassonne. 
Intervenant : Gilles ARDINAT, professeur agrégé, docteur en géographie enseignant à l’Université Paul-Valéry, Montpellier III

En introduction, Gilles Ardinat nous explique que le mot compétitivité a d’abord été conçu pour et par les firmes. Puis, un glissement s’est opéré dans le discours politique s’agissant des territoires. En France, la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale) est devenue la DIACT (Délégation Interministérielle à l’Aménagement et à la Compétitivité des Territoires) de 2005 à 2009. Elle est redevenue depuis, la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité régionale).
Plusieurs définitions correspondent au mot compétitivité, mais il nous propose de retenir la plus simple qui est la capacité d’affronter la concurrence.

Le sujet est traité en 3 parties :
- L’origine de la théorie de la compétitivité
- La mesure de la compétitivité territoriale
- La compétitivité, avatar du néolibéralisme





1) L’origine de la théorie de la compétitivité
Les Etats-Unis sont le premier pays à sortir ce mot de la sphère de l’entreprise dès les
années 80. Il est alors question de compétitivité nationale. Les commissions parlementaires
comme les écoles de commerce s’en emparent et dans les années 90, Michael Porter
(professeur à Harvard) écrit une bible de 800 pages, un best-seller mondial : L’avantage
concurrentiel des nations.
Cet ouvrage qui fait encore référence dans toutes les grandes écoles de commerce du
monde, prône la compétitivité des nations et des territoires. Ce discours a trouvé un écho
très favorable au sein de l’Union européenne et des institutions internationales comme
l’OMC, la Banque Mondiale, le FMI ; ce qui a donné au mot compétitivité une forte assise
institutionnelle.
Néanmoins, il est à noter que Paul Krugman économiste pourtant libéral, a fait la critique de
la compétitivité des pays et des territoires.
Cette dernière est le prolongement du dogme libéral de la concurrence entre entreprises.
La compétitivité est un ersatz du patriotisme économique étatique, mais elle est mobilisatrice
et fédératrice. Il s’agit là d’un nationalisme compatible avec les règles libérales de l’OMC et
de l’Union Européenne à travers ses traités.
A noter que la politique des pôles de compétitivité dans les territoires a été lancée par D. de
Villepin.

2) La mesure de la compétitivité nationale
Les rapports sur la compétitivité se sont multipliés au cours de ces vingt dernières années.
Ils visent à mesurer la compétitivité des territoires.
Compte-rendu conférence du 13 nov. 2012 – Maïde MAURICE 2
Le Forum économique mondial qui réunit tous les ans à Davos (Suisse) l’élite politique,
économique et médiatique (soit 2000 personnes environ) établit un rapport sur la
compétitivité mondiale. A l’aide d’indices variés, les pays sont classés en fonction de leur
compétitivité ; un jugement fait à partir de critères propres aux entreprises. Deux types de
pays ressortent de ce classement au travers de la compétitivité prix et hors prix.
• Les pays ateliers, comme la Chine sont dans la catégorie compétitivité prix.
• Les pays haut de gamme sont dans la catégorie hors prix, pour une économie
orientée vers l’innovation, la recherche développement, la finance.
Selon Gilles Ardinat, cette approche de la mondialisation est erronée et caricaturale car des
pays émergents peuvent aussi être performants dans la haute technologie ; et inversement,
l’Allemagne qui se situe dans la 2ème catégorie, a su comprimer ses coûts du travail
aboutissant au blocage salarial, avec des salariés percevant dans certains secteurs, 4 € de
l’heure.
Il a par ailleurs identifié 3 types de compétitivité dans le discours public :
• La compétitivité néo mercantiliste
La stratégie de développement est basée sur l’exportation massive avec une
importation a minima (type Allemagne) ;
• La compétitivité liée au fait d’attirer des facteurs de production jugés positifs comme
les capitaux, les entreprises, la main-d’oeuvre qualifiée.
Ex. : attractivité des capitaux par la réduction des déficits publics.
• La compétitivité institutionnelle
Il ressort que l’OMC, l’OCDE, la Banque Mondiale ont une définition consensuelle
de la compétitivité. Pour ces organismes, un territoire ne peut connaître la croissance
économique que si elle joue le jeu du libre échange, en effaçant ses frontières.

3) La compétitivité, avatar territorial du néolibéralisme
Le dogme principal du néolibéralisme est le libre échange qui permet de s’adapter à la
mondialisation. Le libre échange s’applique désormais, non seulement aux marchandises
mais aussi aux entreprises et aux capitaux.
Des systèmes productifs, sociaux et fiscaux différents sont ainsi mis en concurrence directe.
La compétitivité prix et hors prix entérine les délocalisations passées et celles à venir. Il faut
donc accepter que certaines industries soient parties dans des pays low-cost.
Le territoire est réduit à un support physique et matériel sur lequel des infrastructures sont
installées afin que les firmes profitent de la mondialisation. Cette compétitivité
infrastructurelle des territoires (qui oblige les Etats à investir dans des infrastructures) est en
contradiction avec l’exigence d‘une fiscalité avantageuse exigée pour cette même attractivité.
En effet, pour pouvoir investir dans des infrastructures, l’Etat doit s’en donner les moyens en
utilisant notamment le levier fiscal.

• L’Etat doit augmenter la qualification du personnel pour que les entreprises aient un
bon réservoir de main-d’oeuvre.
• La législation doit être la plus favorable possible aux entreprises. L’Etat devra
procéder aux réformes allant dans le sens d’une compétitivité juridique et fiscale, en
votant des textes sur la flexibilité dans l’emploi par exemple. Où est alors la limite entre la
compétitivité juridique et le dumping ?
• Le territoire est devenu un espace d’observation économique avec ses différents
agrégats macro-économiques, comme le taux d’inflation. Il est un pur objet
économique où sont niés le culturel, le politique, l’identitaire ou l’affectif. Le territoire
est une marchandise que l’on peut marketer et coter en bourse.
De fait, les territoires eux-mêmes se vendent telles des marchandises, dans un
discours d’inspiration managériale (ex. : publicité TV actuelle de l'agglomération de
Montpellier).
La compétitivité appliquée aux territoires reprend sous une forme nouvelle, une vieille
théorie, celle des avantages comparatifs développée par David Ricardo, selon
laquelle les pays ont intérêt à se spécialiser dans une activité.

En conclusion, Gilles Ardenat se demande dans quelle mesure la compétitivité ne
constitue pas pour les dirigeants, un alibi pour justifier leur inaction ou la prise de
mesures impopulaires mais obligatoires parce que imposées par l’extérieur.

Pour aller plus loin :
ARDENAT, Gilles, Comprendre la mondialisation en 10 leçons, Ellipse 2012

Compte-rendu rédigé par Maïde MAURICE. 

mercredi 7 novembre 2012

Port-la-Nouvelle: Les écologistes inquiets pour la biodiversité des salins



Le site de Port-la Nouvelle est à l\'abandon depuis 2005.
Le site de Port-la Nouvelle est à l'abandon depuis 2005.  © J. L.

Préserver la biodiversité d'un site classé réserve naturelle régionale quand l'origine même de sa spécificité n'existe plus est le casse-tête auquel se heurte depuis de nombreuses années les salins de Port-La Nouvelle.

Pour les représentants d'Europe Ecologie Les Verts, cela n'a que trop duré et ils tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme. Le site, qui n'est plus en activité depuis 2005, a en effet été vendu par la Compagnie des Salins du Midi au Conservatoire du littoral en 2007, grâce à un appui financier conséquent de la Région. "Une partie a été acquise par la région pour être intégrée au domaine portuaire et une autre (les anciens bâtiments) a été vendue à un particulier, mais depuis rien n'a été mis en place pour la gestion du site", explique Albert Cormary.

Le problème n'est pas nouveau, en avril 2006 (tout juste un an après l'arrêt de l'activité des Salins), Philippe Bonhoure, adjoint à l'environnement de Port-La Nouvelle déclarait : "On se retrouve avec une sorte de jachère qui va favoriser l'implantation de roselières et de plantes halophiles qui sont caractéristiques de la mutation naturelle des lagunes qui se meurent".

Ce site complexe n'a rien de naturel puisqu'il était intimement lié à l'activité humaine des sauniers. La richesse du site reposait comme pour tous les salins sur la qualité de l'eau. La gradation de la salinité permet la multiplication d'espèces différentes, la banalisation du milieu entraîne donc inéluctablement une diminution de cette diversité. Mais de saunier, il n'y en aura plus.

"L'acte de vente stipule que toute production de sel est interdite pendant 25 ans, on peut trouver ça abusif mais c'est ainsi", souligne le porte-parole local d'EELV. Concrètement, la richesse de la biodiversité est liée à la présence de plantes à caractère patrimonial et à celle, plus emblématique, de la faune aviaire."Aujourd'hui, que voyons-nous ? Côté ornithologique, c'est une désertion quasi totale et côté botanique, le constat est un peu moins désolant mais tout de même très préoccupant", reprend-il devant les anciennes tables salantes résolument vides. "Nous nous inquiétons d'autant plus qu'il n'y a rien de concret qui se profile et que les canaux sont de plus en plus bouchés", souligne Marie-Laure Arripe.

De nouvelles pistes :Il existe des activités porteuses d’avenir et créatrices de richesses


« Le devenir du site des anciens salins est du ressort des gestionnnaires de la réserve (PNR et mairie de Port-La Nouvelle), mais plus encore de l’autorité de tutelle qui est la Région. Nous nous posons vraiment la question de sa volonté politique», détaille Marie-Laure Arripe. « Si la remise totale en eau a un coût exorbitant, elle doit être envisagée partiellement dans une optique de diversification du site », analyse Albert Cormary qui a déjà pensé à plusieurs activités compatibles. « On pourrait par exemple envisager une culture de la salicorne qui est déjà cultivée dans des régions de France et exportées vers les pays d’Europe du Nord. On pourrait aussi s’inspirer de ce qui se passe à Gruissan avec la culture des micro-algues pour produire des biocarburants. Port-La Nouvelle avec son usine Lafarge, forte émettrice de CO2, pourrait être un site pilote de son piegeage dans une partie des bassins des anciens salins. Nous pensons naturellement à ceux situés près de l’usine, exclus de la réserve naturelle et propriétés de la Région », reprend-il conscient qu’il existe des enjeux très importants. « Les pistes ne manquent pas, ces activités sont porteuses d’avenir et créatrices de richesses locales et d’emplois», conclut-il.


Le site de la réserve naturelle régionale de Sainte-Lucie, qui inclut l’île et les salins, fait partie de la zone Natura 2000 « étangs du Narbonnais ». L’objectif de la constitution du réseau européen Natura 2000 est d’assurer le maintien de la biodiversité par la conservation d’habitats naturels ainsi que d’espèces de la faune et de la flore sauvages, rares, voire menacés à l’échelle européenne. Son objectif n’est pas de faire des « sanctuaires » de nature interdisant toute activité humaine. L’originalité de cette démarche est au contraire de chercher à concilier les exigences écologiques des habitats naturels et des espèces avec les nécessités économiques, sociales et culturelles des sites. La sauvegarde de la biodiversité requiert même souvent le maintien, voire l’encouragement d’activités humaines.
Une zone Natura 2000
Le site de la réserve naturelle régionale de Sainte-Lucie, qui inclut l’île et les salins, fait partie de la zone Natura 2000 « étangs du Narbonnais ». L’objectif de la constitution du réseau européen Natura 2000 est d’assurer le maintien de la biodiversité par la conservation d’habitats naturels ainsi que d’espèces de la faune et de la flore sauvages, rares, voire menacés à l’échelle européenne. Son objectif n’est pas de faire des « sanctuaires » de nature interdisant toute activité humaine. L’originalité de cette démarche est au contraire de chercher à concilier les exigences écologiques des habitats naturels et des espèces avec les nécessités économiques, sociales et culturelles des sites. La sauvegarde de la biodiversité requiert même souvent le maintien, voire l’encouragement d’activités humaines.

source:http://www.lindependant.fr/2012/11/03/il-existe-des-activites-porteuses-d-avenir-et-creatrices-de-richesses,176650.php

Rapport Gallois et mesures gouvernementales : une vision datée de l’avenir



Les arbitrages gouvernementaux rendus ce jour sur la base du rapport Gallois qui ont pour finalité de préparer l’avenir de la France et redonner de la compétitivité à notre économie, ne sont pas à la mesure des enjeux du XXIe siècle. Ils n'osent se tourner résolument vers la construction du nouveau modèle dont le pays a besoin pour affronter les nouveaux défis qui se posent à lui. 
Les arbitrages annoncés par le gouvernement ouvrent certes quelques pistes sur l’amélioration du dialogue social, la stabilité réglementaire, le financement public de l'industrie ou les crédits interentreprises, mais ils négligent l’Europe, qui constitue pourtant le cadre de réflexion pertinent aujourd’hui et pour demain. Ils oublient de poser le moindre principe de conditionnalité sociale ou environnementale des aides publiques.
Ces décisions passent à côté des enjeux énergétiques que nos sociétés vont devoir affronter, dont le coût devient chaque jour plus impactant. Elles confortent une vision essentiellement technocratique et court-termiste.A l’inverse de cette vision, Europe Ecologie Les Verts préconise une politique économique décentralisée et innovante.
Élise Lowy, porte-parole nationale d’EELV

Ceci passe prioritairement par :
-
une mutation profonde de l'appareil productif, qui prépare une économie bas carbone, qui créera les emplois durables de demain,
-
un effort majeur de formation pour accompagner les entreprises et les salariés dans cette transition,
-
le développement volontariste de la fiscalité écologique, qui doit cesser d'être renvoyée toujours à plus tard, tant il est urgent d'aider à réorienter l'activité productive vers des modes de production plus propres et plus sobres,
-
une révolution des modes de gouvernance des entreprises permettant une répartition plus juste des richesses,
-
une réflexion sur la production coordonnée avec la réflexion sur la consommation, impliquant la réalité des bassins de vie et de travail, et notamment les enjeux de recyclage et d'économie circulaire,
-
 
la construction massive de logements permettant de diminuer des dépenses contraintes qui grèvent les budgets des ménages et des entreprises, notamment les PME et les PMI…
Élise Lowy, porte-parole nationale d’EELV
Jean-Philippe Magnen, porte-parole national d’EELV
 

jeudi 25 octobre 2012

Solidarité à Carcassonne avec les opposants de l'aéroport de Notre Dame des Landes



L'opposition au projet d'aéroport du Grand Ouest, près de Nantes, crée des remous jusqu'à Carcassonne. Hier, devant le palais de justice, quelques dizaines de manifestants issus de diverses organisations de gauche, écologistes et paysannes, se sont rassemblés pour dire non à la construction de cet aéroport international, dont les travaux doivent commencer en 2014 à Notre-Dame-des-Landes, à 20 km de Nantes. Il y a quelques jours encore, des centaines de policiers et militaires sont intervenus pour y déloger des opposants qui occupaient les lieux. "Même s'il se trouve loin de chez nous, ce projet pose des problématiques qui frappent aussi l'Aude : la disparition des terres agricoles, le bétonnage, la destination de l'argent public. Près de Carcassonne, nous sommes, par exemple, confrontés à un projet de golf à Fontiers-Cabardès, expliquait hier un des manifestants. 
Ces derniers envisageaient d'aller ensuite manifester devant la permanence du député-maire et celle du Parti socialiste, l'ancien maire de Nantes n'étant autre que Jean-Marc Ayrault, actuel Premier ministre. 
Devant des pancartes "Notre bocage vaut plus que vos profits" et "Vinci dégage", adressé à la société d'exploitation de structures aéroportuaires, la mobilisation dénonçait notamment l'expulsion des petits paysans installés sur le site du futur aéroport. 
Plus largement, la manifestation pointait "les grands projets inutiles financés par nous au profit de quelques-uns".
Article issu de l'indépendant.fr: http://www.lindependant.fr/2012/10/25/ils-disent-non-a-l-aeroport-du-grand-ouest,174559.php

mardi 2 octobre 2012

Saint Hilaire - Le maire PS refuse l'implantation d'un élevage de poulets bio dans le village.


Une marche pour soutenir un élevage de poulets Bio à Saint-Hilaire. 

Hier, plus de 300 personnes sont venues manifester leur soutien à l'éleveur de volailles Bio dont le projet d'installation, retoqué par le maire, divise la population de Saint-Hilaire.



En fin d'après-midi, c'est un cortège composé de plus de 300 personnes venues soutenir le projet de David Ferasse qui s'est dirigé vers l'hôtel de ville dont le maire Pierre Authier lui a refusé un permis de construire en raison de nuisances olfactives présumées.
Un refus contre toute attente, d'ailleurs tous les services de l'État ont donné leur accord à un projet qui cadre parfaitement avec la démarche Audevant du conseil général dont Pierre Authier est élu, et qui prône entre autres le maintien d'activité en milieu rural, la création de circuits courts et le développement de l'agriculture biologique.
Dans le cortège, Tino défend David : «C'est un type courageux, qui en veut, je connais ses enfants. Qu'est-ce qu'on préfère ? Continuer à lui payer le RSA ou l'aider à s'installer et à développer une activité ici ?»
Claire, elle, est plus pragmatique : «Je serai bien contente de trouver des poulets au village.»
Stéphane Linou, conseiller général EELV, défend le projet de l'éleveur : «Son projet est exemplaire sur la souveraineté alimentaire, les circuits courts… Il est rentable économiquement, responsable écologiquement, il crée de l'emploi et de la vie sur place.» Et d'inviter son collègue Pierre Authier à faire de «ce sujet emblématique l'objet d'une réunion de la commission agriculture… qui ne s'est jamais réunie».
Bien loin de ces préoccupations, les habitants du lotissement Le Barris, eux, ont organisé un comité d'accueil d'une hostilité parfois menaçante où l'on entend des  «Dégagez !», «Trouducs » ou encore «La merde chez les autres, c'est bon.  Devant la mairie, un habitant prévient : «De toute façon, des cabanes y en aura pas ; on y mettra le feu.» 
Sans jamais cesser d'appeler au dialogue, David Ferasse tente de les convaincre que ce type d'élevage - pas plus de 700 bêtes en permanence sur le site - ne dégage pas d'odeurs. Quitte à les inviter à ses frais sur une installation identique dans le Gers pour qu'ils s'en rendent compte par eux-mêmes. Peine perdue. Dans un département où personne n'est incommodé par les nuisances olfactives d'une cave coopérative au moment des vendanges, on se dit prêt à incendier un élevage bio.
En refusant le permis de construire pour des raisons discutables, le maire de Saint-Hilaire a peut-être tué le projet dans l'œuf.

Rappel des faits

David Ferrasse, ancien rugbyman, se démène depuis 2010. Après une reconversion lors de laquelle il obtient son Brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole, il veut s'installer en tant qu'éleveur de volailles bio. A Saint-Hilaire, il parvient au bout de deux ans de recherches à dégoter un terrain de 3 hectares à louer sur lequel il compte poser son installation, sur la route de Saint-Polycarpe.
Le 27 février 2012, il dépose un permis de construire, une nécessité légale lorsqu'on implante des cabanes mobiles. Le maire de Saint-Hilaire, Pierre Authier lui refuse le permis de construire au motif de risques nuisances olfactives. Un refus qui s'appuie sur la réglementation de l'Agence régionale de santé (ARS) jugeant que l'installation est située à moins de 50 m des habitations. Erreur ! Le terrain se trouve à plus de 90 m des maisons, qui plus est en zone agricole. Le jeune éleveur rencontre le conseil municipal pour détailler son projet et rassurer les habitants notamment sur la petite taille de l'exploitation.
Le 26 juin, il demande un recours gracieux auprès de la mairie. Après vérification des mesures sur site, l'ARS émet cette fois-ci un avis favorable. Malgré une mobilisation de plus en plus forte, de la population à la Confédération paysanne en passant par les artisans de la Capeb en faveur du projet, rien n'y fait ! Pierre Authier s'entête à vouloir tuer le projet dans l'œuf.

interview

Pierre Authier : «Qu'il saisisse le tribunal administratif»

Sourd à la double manifestation qui se tenait sous les fenêtres du conseil municipal, le maire de Saint-Hilaire a réaffirmé son refus de voir un élevage si proche des habitations. Interview.
300 personnes en faveur du projet de David Ferrasse, le soutien de la Conf', du Modef, de la Capeb vous feront-ils changer d'avis ?
Non. Je n'ai pas refusé le permis de construire par rapport à l'installation mais à la distance avec les habitations.
Mais l'Agence régionale de santé, la DDTM, les services vétérinaires donnent un avis favorable…
Ce n'est pas l'ARS qui viendra guérir les problèmes quand ils se poseront. Il n'y a pas d'élément nouveau qui puisse me faire changer d'avis.
Accepteriez-vous l'invitation lancée par David Ferrasse d'aller visiter une installation de même type dans le Gers pour affiner votre analyse ?
Il ne m'a pas invité mais s'il m'invite je dirai non. Quelles que soient les données, il y a la distance avec les habitations.
Ce refus est-il compatible avec la démarche Audevant du département dont vous êtes conseiller général et qui soutient ce genre de projets ?
Vous posez la question de façon à me coincer mais ça ne marche pas. Vous pouvez me prendre pour un vieux fossile mais Audevant, je l'ai voté. C'est un problème de distance, vous comprenez ou quoi ! ? M. Ferrasse a une possibilité de saisir le tribunal administratif, non ? S'il le fait je me conformerai à la décision.
Vous pensez être dans votre bon droit ?
Pas dans mon bon droit, dans ma bonne conscience.
Y a-t-il une autre raison à votre refus, comme la construction d'un lotissement sur cette parcelle ?
(Méprisant et agacé) Vous n'êtes pas foutu de faire votre travail ? De savoir si c'est une zone agricole ou non ? C'est une zone agricole et en zone agricole on peut faire de l'agriculture, y compris de l'élevage. Mais là, c'est trop près.

Article extrait de la dépêche.fr du 02/10/12 : http://www.ladepeche.fr/article/2012/10/02/1453724-300-personnes-pour-soutenir-l-eleveur-de-volailles-bio.html