dimanche 21 avril 2013

Contre les dérives de la finance dérégulée les monnaies locales se multiplient mais restent marginales


Par Laurent Marcaillou et Stanislas Du Guerny | 19/04 | 17:06 : 
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0202717445981-les-monnaies-locales-se-multiplient-mais-restent-marginales-560035.php


L'Ille-et-Vilaine lance sa première monnaie départementale. L'Aude en prépare trois. Les difficultés de certains projets éclairent les conditions du succès des monnaies.

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« Ca fleurit de partout ! Il existe une dizaine de monnaies locales bien installées en France et beaucoup sont en création. Dans le seul département de l'Aude, trois sont en préparation en 2013 ! », indique Marie-Laure Arripe, ancienne maître de conférences en économie de l'université Toulouse-II. Le Pays basque vient de lancer la sienne, la commune de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, s'apprête à le faire. La principale motivation de leurs promoteurs est de créer un instrument monétaire au service de l'économie réelle locale, pour se prémunir des dérives de la spéculation financière.
Il existerait 5.000 monnaies complémentaires dans le monde. En Allemagne, où circulent 30 monnaies de ce type, le chiemgauer lancé en 2003 dans le sud de la Bavière, représente 5 % du chiffre d'affaires des 800 commerces et entreprises qui adhèrent au dispositif. En Suisse, le wir lancé en 1934 est utilisé aujourd'hui par 60.000 PME et représente un chiffre d'affaires de près de 2 milliards de francs suisses !
En France, les monnaies locales n'ont pas pris cette ampleur, loin s'en faut. « La limite de ces monnaies est qu'elles restent cantonnées aux petits achats », explique Marie-Laure Arripe. Qu'elles s'appellent l'« abeille » dans le Lot-et-Garonne, la « mesure » à Romans (Drôme), le « sol » à Toulouse et en Bretagne, ces nouvelles monnaies servent surtout à relocaliser les échanges et à promouvoir l'achat de produits éthiques sur le plan social et environnemental. « Elles modifient les relations entre les producteurs et les consommateurs », poursuit Marie-Laure Arripe.

Monnaie fondante si l'on ne s'en sert pas

Autre particularité, ces monnaies dites fondantes perdent de la valeur si l'on ne s'en sert pas pendant quelques mois, incitant les échanges locaux. « Les monnaies locales circulent quatre fois plus vite que l'euro, qui ne circule que trois fois par an », ajoute Marie-Laure Arripe.
Le renforcement de ces systèmes pourrait aussi passer par leur connexion. La coopérative Ecosol vient de voir le jour « pour que les consommateurs puissent utiliser ces monnaies partout en France », promet Michel Mombrun, son directeur. La Macif, Chèque Déjeuner, le Crédit Coopératif, mais aussi l'association Sol qui propose depuis plusieurs années billets et cartes à son nom, vont engager dans cette coopérative la somme de 500.000 euros pour pousser son développement.

vendredi 5 avril 2013

Pognon camouflé, pharmacie, mensonges et biodiversité en politique

Monsieur Jérôme Cahuzac a donc menti à ses chefs et à ses pairs. C’est mal.
C’est encore plus mal d’avoir dissimulé des revenus à l’étranger quand on était censé, dans l’opposition d’abord puis au gouvernement, combattre l’évasion fiscale.
Mais le clou du clou pourrait bien être d’avoir profité d’un passage dans un cabinet ministériel pour traficoter avec des lobbies pharmaceutiques jamais avares d’un petit ou d’un gros cadeau à ceux qui décident… Puis amassé dans les années suivantes un magot planqué en Suisse.
Cette affaire est au fond significative d’une dérive qui dure depuis trente ans à droite comme à gauche.
A gauche, c’est le mitterrandisme, calamité majeure du socialisme français, qui a au fond ouvert les vannes : culture du fric et de la puissance, valorisation sans nuance de la réussite personnelle quelle que soit son origine, mélange des genres public/privé, alliances entre les technocraties clonées de l’Etat et les professionnels bien typés de la profession politique, apologie des moyens au détriment des fins, finasseries et renoncements élevés au rang de grand art.
Cette vision et cette pratique (par ailleurs obscène) de la politique ont ainsi laissé passer dans les mailles de la sélection des cadres dirigeants, une certaine catégorie d’aventuriers qui pensent que tout leur est permis et l’impunité forcément garantie.
Elles ont terriblement appauvri la biodiversité politique, éloigné de l’engagement civique des pans entiers de la société, tous ceux en fait qui ont une autre trajectoire professionnelle que la pratique exclusive de l’interne des partis.
Si on veut limiter les effets du « tous pourris », cette chaîne avérée de félonies appelle des réponses fortes :
- La vérification en premier lieu qu’il n’y a pas d’autres cas du même type et aussi que le circuit ainsi mis en évidence n’a contribué à aucune activité politique.
- Le renforcement des règles (et des contrôles) concernant le lien personnel entre les dirigeants politiques et les groupes d’intérêt.
- In fine, une reforme institutionnelle profonde qui contribue à l’aération des responsabilités dans la gouvernance du pays : non cumul, proportionnelle, réforme des grandes écoles et des grands corps de l’Etat, renforcement des contre-pouvoirs et du débat public, indépendance de la justice.
Aller au-delà du fait divers, se porter aux causes qui menacent la démocratie dans son ensemble, c’est désormais une opération de salubrité républicaine
Monsieur le Président et monsieur le Premier ministre, nous comptons sur vous pour vous y engager.

Jacques Archimbaud
Secrétaire national adjoint d’Europe-Ecologie Les Verts