Il y a quelques temps, des
arboriculteurs débitaient à la tronçonneuse des cerisiers sains et
en pleine floraison pour dénoncer l'interdiction qui leur était
faite de traiter leurs arbres au diméthoate, seul efficace contre la
mouche de la cerise, en particulier la « drosophila suzukii »
, cause d'importants dégats sur les cerises et donc de perte pour
leur exploitation.
Mais qu'est-ce que le diméthoate ?
C'est un insecticide susceptible de causer des troubles neurologiques
et des cancers . Il est toxique chez l'homme par voie orale et plus
faiblement par voie cutanée, toxique également chez les oiseaux, et
très toxique pour les abeilles.
C'est pour cette raison que la France ,
suivant l'avis de l'ANSES, en a interdit l'utilisation et a également
interdit l'importation de cerises d'autres pays européens qui ne
présenteraient pas de garanties. N'en déplaise au président de
l'AOP « cerises de France » qui reprend les arguments de
l'industriel Cheminova, principal fournisseur de ce produit, les
solutions existent, elle passent par le bio. La filière fruit a pris
du retard pour le bio . Les arboriculteurs ont payé un lourd tribu
en matière de santé pour eux et leur famille en se laissant
convaincre par les représentants de l'agrochimie. Mais l'omerta est
enfin levée sur les victimes du cancer parmi eux, et le taux anormal
d' anomalies génétiques dans leur descendance. La santé des
paysans, de leurs salariés, des consommateurs doit primer sur tout
autre considérations : en arboriculture plus qu'ailleurs, le
passage en bio s'impose, d'autant que le producteur de fruits bio est
mieux rémunéré qu'en conventionnel . En conventionnel,
l'exploitant ne peut supporter plus de 10% de rejet sur sa
production, en bio, il passe encore avec 25% de rejets. Par ailleurs
des solutions de lutte contre la mouche sont expérimentées avec
succès : pièges à glu, nasses remplies de vinaigre, sucre et
savon à proximité des arbres, pulvérisation d'argile sur les
fruits, et surtout utilisation de filets anti-insectes , efficaces à
98%.
Les pouvoirs publics ont bien fait
d'interdire de diméthoate. Les organisations qui prétendent
défendre les intérêts des arboriculteurs seraient bien avisées de
ne plus écouter le lobby de la chimie et d'encourager un plan
d'aide au passage massif en bio de la filière fruit.
Et nous, consommatrices et
consommateurs, soyons prêts à payer le juste prix pour des fruits
sains et sans chimie.
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