Après les
inondations terribles de 1999, et cette année en mai 2018 celles de
la vallée du Cougaing, c’est au tour de Trèbes, Villegailhenc ,
et d’autres communes audoises d’être plongées dans la
désolation. Et chaque fois les commentaires vont bon train sur le
coté exceptionnel et imprévisible du phénomène .
Imprévisible alors
que plus de la moitié des communes audoises sont sujettes au risque
inondation selon le schéma départemental des risques majeurs ?
Imprévisible alors
que de nombreux scientifiques nous alertent sur la réalité du
dérèglement climatique de ses origines et de ses effets ?
Dans
notre région cela se traduit le plus fréquemment par des pluies
dites « méditerranéennes » ou « cévenoles »
qui ont toujours existé mais dont la survenue s’accélère. Les
experts du GIEC nous ont encore récemment alerté : contenir le
réchauffement de la planète à 1,5° est encore possible mais au
prix d’un changement radical et rapide de nos modes de vie et des
politiques publiques dans nos pays occidentaux.
Allons nous
indéfiniment subventionner les déplacements en avion et en cars
« Macron » au détriment du ferroviaire ? Allons
nous privilégier les modes de consommation liés aux grands groupes
de l’agro-industrie et de la grande distribution qui font parcourir
des milliers de kilomètres aux denrées qu’ils nous proposent au
détriment des producteurs locaux ? Allons nous toujours
consommer plus de viande alors que l’élevage industriel est
responsable d’une grande partie des gaz à effet de serre (GDS) ,
au détriment d’une alimentation plus saine et plus équilibrée ?
Allons nous continuer à nous chauffer et à climatiser les
habitations plutôt que de les isoler correctement ? Allons nous
continuer à acheter et jeter comme nous y incite la publicité au
lieu d’entretenir et recycler ?
La liste serait longue au-delà
de ces quelques exemples La prise de conscience est en train de se
faire, ainsi qu’en témoignent les succès de l’Alternatiba Tour
cet été et de la Marche pour le Climat du 8 septembre . Elles
doivent encore s’amplifier et se traduire également dans les
urnes, car il nous reste peu de temps et les gestes individuels
nécessaires doivent impérativement s’articuler avec des décisions
politiques courageuses et acceptées par une opinion publique qui en
aura compris les enjeux.
Ni imprévisibles ni
exceptionnelles, ces précipitations prennent des proportions
démesurées en raison de l’imperméabilisation des sols qui ne
retiennent plus rien.
On continue autour des villes à construire des
zones commerciales démesurées, telle le futur « Rocadest »
à Carcassonne, avec leur lot de parkings et de bretelles d’accès.
On lotit à tout va dans toutes les communes, chaque édile se
félicitant de l’accroissement de sa population. Ces lotissements
et la voirie qui va avec dévorent aussi des terres capables
d’absorber une bonne partie des précipitations. Au nom du tout
voiture, on va encore artificialiser de larges bandes de terre entre
Toulouse et Narbonne pour mettre l’autoroute à 2x3 voies.
Mais les pratiques
agricoles privilégiées depuis des décennies ont aussi pris leur
part dans ces désastres : en bien des endroits, l’usage
intensif de produits phytosanitaire, les labours trop fréquents, la
mécanisation, sont responsable d’un sol mort ou très appauvri
sur lequel les eaux ruissellent et ne sont plus absorbées.
Depuis le
traumatisme de 1999 dans l’Aude, les choses ont bougé au niveau de
la prévention, que ce soit dans l’entretien des cours d’eau ,
encore insuffisant, ou dans les plan de prévention des risques
inondation. Mais on construit encore en zone inondable, comme c’est
le cas de l’hôpital de Carcassonne, agrémenté certes de bassins
de rétention qui se sont révélés insuffisants, et en n’hésitant
pas, malgré le risque, à mettre tous les équipements techniques en
sous sol !
Les audoises et les
audois sont habitués à faire preuve de solidarité face à ces
épisodes dramatiques, et ils l’ont encore magistralement démontré
ces jours ci. Il conviendrait cependant d’être prêts en amont
pour éviter de prochaines catastrophes.
Même s’il faut les faire,
bassins de rétention et digues ne seront jamais une garantie à
100 %. L’arrêt des constructions en zone inondable, les
aménagements du premier niveau dans les habitations existantes,
l’amélioration significative des moyens d’information de toute
la population dans les zones à risque au moment des crises et
l’intensification des messages sur la vigilance et sur la conduite
à tenir sont plus que jamais d’actualité.
L’homme entretient
l’illusion qu’il peut dominer la nature et la façonner à sa
guise, il serait temps qu’il comprenne qu’il n’en est qu’un
élément et qu’il apprenne à la respecter et à vivre en harmonie
avec elle.
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