dimanche 21 octobre 2018

Inondations dans l'Aude, on continue?





Après les inondations terribles de 1999, et cette année en mai 2018 celles de la vallée du Cougaing, c’est au tour de Trèbes, Villegailhenc , et d’autres communes audoises d’être plongées dans la désolation. Et chaque fois les commentaires vont bon train sur le coté exceptionnel et imprévisible du phénomène .

Imprévisible alors que plus de la moitié des communes audoises sont sujettes au risque inondation selon le schéma départemental des risques majeurs ?

Imprévisible alors que de nombreux scientifiques nous alertent sur la réalité du dérèglement climatique de ses origines et de ses effets ?
 Dans notre région cela se traduit le plus fréquemment par des pluies dites « méditerranéennes » ou « cévenoles » qui ont toujours existé mais dont la survenue s’accélère. Les experts du GIEC nous ont encore récemment alerté : contenir le réchauffement de la planète à 1,5° est encore possible mais au prix d’un changement radical et rapide de nos modes de vie et des politiques publiques dans nos pays occidentaux.
Allons nous indéfiniment subventionner les déplacements en avion et en cars « Macron » au détriment du ferroviaire ? Allons nous privilégier les modes de consommation liés aux grands groupes de l’agro-industrie et de la grande distribution qui font parcourir des milliers de kilomètres aux denrées qu’ils nous proposent au détriment des producteurs locaux ? Allons nous toujours consommer plus de viande alors que l’élevage industriel est responsable d’une grande partie des gaz à effet de serre (GDS) , au détriment d’une alimentation plus saine et plus équilibrée ? Allons nous continuer à nous chauffer et à climatiser les habitations plutôt que de les isoler correctement ? Allons nous continuer à acheter et jeter comme nous y incite la publicité au lieu d’entretenir et recycler ?
 La liste serait longue au-delà de ces quelques exemples La prise de conscience est en train de se faire, ainsi qu’en témoignent les succès de l’Alternatiba Tour cet été et de la Marche pour le Climat du 8 septembre . Elles doivent encore s’amplifier et se traduire également dans les urnes, car il nous reste peu de temps et les gestes individuels nécessaires doivent impérativement s’articuler avec des décisions politiques courageuses et acceptées par une opinion publique qui en aura compris les enjeux.

Ni imprévisibles ni exceptionnelles, ces précipitations prennent des proportions démesurées en raison de l’imperméabilisation des sols qui ne retiennent plus rien. 
On continue autour des villes à construire des zones commerciales démesurées, telle le futur « Rocadest » à Carcassonne, avec leur lot de parkings et de bretelles d’accès. On lotit à tout va dans toutes les communes, chaque édile se félicitant de l’accroissement de sa population. Ces lotissements et la voirie qui va avec dévorent aussi des terres capables d’absorber une bonne partie des précipitations. Au nom du tout voiture, on va encore artificialiser de larges bandes de terre entre Toulouse et Narbonne pour mettre l’autoroute à 2x3 voies.
Mais les pratiques agricoles privilégiées depuis des décennies ont aussi pris leur part dans ces désastres : en bien des endroits, l’usage intensif de produits phytosanitaire, les labours trop fréquents, la mécanisation, sont responsable d’un sol mort ou très appauvri sur lequel les eaux ruissellent et ne sont plus absorbées.

Depuis le traumatisme de 1999 dans l’Aude, les choses ont bougé au niveau de la prévention, que ce soit dans l’entretien des cours d’eau , encore insuffisant, ou dans les plan de prévention des risques inondation. Mais on construit encore en zone inondable, comme c’est le cas de l’hôpital de Carcassonne, agrémenté certes de bassins de rétention qui se sont révélés insuffisants, et en n’hésitant pas, malgré le risque, à mettre tous les équipements techniques en sous sol ! 

Les audoises et les audois sont habitués à faire preuve de solidarité face à ces épisodes dramatiques, et ils l’ont encore magistralement démontré ces jours ci. Il conviendrait cependant d’être prêts en amont pour éviter de prochaines catastrophes.
 Même s’il faut les faire, bassins de rétention et digues ne seront jamais une garantie à 100 %. L’arrêt des constructions en zone inondable, les aménagements du premier niveau dans les habitations existantes, l’amélioration significative des moyens d’information de toute la population dans les zones à risque au moment des crises et l’intensification des messages sur la vigilance et sur la conduite à tenir sont plus que jamais d’actualité.

L’homme entretient l’illusion qu’il peut dominer la nature et la façonner à sa guise, il serait temps qu’il comprenne qu’il n’en est qu’un élément et qu’il apprenne à la respecter et à vivre en harmonie avec elle.

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