samedi 29 juin 2013

Nos questions aux commissaires enquêteurs sur le projet Lassac



L'étude des documents présentés à l'enquête publique concernant le projet d'une ISDND sur le site de Lassac appelle un certain nombre de réflexions et de questionnements.


Le premier angle porte sur les capacités de stockage soit 110 000 t/an. Il repose à la fois sur des projections d'évolutions de la population dans les 20 prochaines années difficilement vérifiables dans le même temps qu'on remarque dans toute la région un mouvement des populations vers le littoral plutôt que vers l'intérieur des terres il est d'ailleurs étonnant que les chiffres fournis dans le dossier diffèrent de ceux de l'INSEE, et sur des ambitions très modestes et peu volontaristes sur les politiques du PDEDMA en ce qui concerne la réduction de la production de déchets,et le compostage (pour rappel, le PDEDMA repose sur le triptyque tri-compostage-enfouissement).
La société Valaudia en est si consciente qu'elle prévoit de « traiter prioritairement les déchets audois » sans s'interdire d'en importer d'ailleurs pour « combler le vide ».
Le choix d'un site dans l'Ouest audois visant à traiter les déchets au plus prés de leur production, ainsi qu'en témoignent les savants calculs présentés d'économie de CO2 serait mis en échec par cette orientation du gestionnaire.
Nous souhaiterions que cette possibilité soit clairement exclue par le cahier des charges, et que la capacité des installations soit recalculée en conséquence.

En ce qui concerne le choix du site lui même, nos questionnements sont de 3 ordres :

- Les nuisances :
Il est fait état de « nuisances olfactives inférieures aux limites fixées», et immédiatement après de campagnes d'évaluation qui seront effectuées.
Nous souhaiterions savoir quelles sont ces limites fixées, quelles sont les techniques prévues pour éviter ces nuisances, par qui seront menées les campagnes d'évaluations, comment les riverains y seront associés, et enfin, s'il s'avère que les dites campagnes mettent en évidence un dépassement des limites fixées, comment est-il prévu de remédier au problème et dans quels délais, sachant qu'outre la gène pour les riverains, le site est situé dans une zone de développement touristique.
L'acheminement des déchets vers le site générerait, d’après les documents, la circulation de 70 camions par jour, soit 15 à 16 camions par heure, un camion toutes les quatre minutes, compte tenu du temps probable d'ouverture du site au déchargement. L’élargissement de la route répondra sans doute aux impératifs de sécurité , mais non à la nuisance d'une telle noria sur une route touristique.
La troisième nuisance est liée aux poussières qui seront inévitablement soulevées tant lors des travaux que lorsque le site sera en activité, et emportées par le vent, nuisance renforcée par la présence d' arsenic et autres métaux lourds dans le sol. Qu'est-il prévu pour réduire cette nuisance ?

- Les risques :
Contrairement à ce que prétend le rapport, le bassin versant concerné par le projet ne bénéficie pas d'un climat de type « nival-atlantique » mais bien d'un régime « méditerranéen » avec tous les excès que cela peut comporter notamment par rapport aux risques « sécheresse » et« pluies torrentielles – inondations ». Si le rapport avait été sincère, il aurait évoqué les graves crues de 1930, qui avaient emporté  tous les ponts mais il s'est contenté d'évoquer celles de 1999 et 2005 qualifiables de bénignes sur ce secteur géographique de l'Aude.
Pourquoi veut-on cacher que le site de Lassac est inondable ?
Un autre site de CET proche de Béziers, configuré de la même manière, en pied de falaise, proche d'une rivière, avec des argiles de solifluxion qui gonflent en cas de grosses pluies et dont les couches glissent alors les unes sur les autres, entraînant un gigantesque glissement de terrain a vu les infrastructures de ce CET partir dans la rivière. Ne peut-on pas tirer les leçons du passé ?
Il est aussi question de dévier le cour d'un ruisseau qui actuellement traverse le site et à qui on imposerait d'emprunter un autre lit. Quelle garantie a t'on qu'il ne reviendra pas à son lit naturel en cas d'orage en occasionnant des dégâts dans les installations de l'ISDND ?
Qu'est-il,prévu pour le stockage et la fixation des « remblais et déblais » ?

- Les surcoûts :
Le fait d'implanter cette unité à proximité du site d'exploitation de la SEPS, dans une zone fortement polluée amènera à prendre en compte un grand nombre de précautions supplémentaires par rapport à un site plus sain. La gestion des poussières en est une, les dispositions concernant les eaux de ruissellement également.
Nous souhaiterions connaître la nature et le coût de ces dispositions indispensables et donc le renchérissement du projet par rapport à un site présentant moins de problèmes de pollution
ancienne et avérées.
La qualité du sol ne permet pas d'assurer une bonne étanchéité naturelle. S'il est prévu d'utiliser « l'argile décaissée en priorité » il sera nécessaire d'en importer également. De plus la qualité des membranes d'étanchéités devra être renforcée. Que se passe-t'il lorsque cette étanchéïté artificielle vieillit et ne joue plus son rôle ?
Nous souhaiterions savoir si ces surcoûts ont été chiffrés et pourquoi ils ne figurent pas clairement dans les documents.
Le site choisi se trouve sur une zone archéologique importante, il est préconisé d'étendre les recherches sur une plus grande surface que celle prévue initialement. Ces recherches ont également un coût qui n'est pas évoqué dans le document.
Par ailleurs s'il s'avérait que ces sites sont uniques, ne serait-il pas plus judicieux d'en faire à terme un enjeu de développement touristique plutôt que de les ré-enterrer à coté des bâtiments de l'ISDND ?

L'ensemble des points évoqués ci dessus nous amènent à estimer que le choix du site de Lassac pour l'ISDND de l'ouest du département n'est pas un choix pertinent. Nous savons qu'une étude confiée à la société ARCADIS avait détecté une quinzaine de sites envisageables , et qu 'en 2005 le choix des responsables audois s'est porté sur Lassac parmi 3 sites restant en course. Cette décision s'est faite dans la plus grande opacité et fait aujourd'hui l'objet de recours en justice. Les élus concernés n'ont jamais fait connaître clairement quels ont été les critères objectifs qui ont présidé à leur choix.
Nous demandons instamment en conséquence que le dossier soit repris au minimum à partir des 3 derniers choix présentés par ARCADIS, et que l'enquête publique présente aux audois les dossiers finalisés sur plusieurs sites, permettant de choisir en connaissance de cause entre ces alternatives.

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